Il est impossible de maîtriser toutes les langues dans un monde qui en compte 7 097, dont 1 495 menacées et 918 en train de disparaître. Voici un exemple, parmi d’autres dans l’Histoire, d’une langue rare qui a permis de faire la différence entre victoire et défaite.
Une langue rare appelée choctaw
Le choctaw est une langue muskogéenne occidentale proche du chicksaw. Elle est parlée par environ 7 000 locuteurs, dont la plupart vit dans le sud-est de l’état de l’Oklahoma. On trouve également des locuteurs du choctaw dans le Mississippi, en Louisiane et dans le Tennessee. « Oklahoma » est en fait un mot choctaw signifiant « Peau-Rouge ».
La majorité des locuteurs du choctaw est actuellement âgée de plus de 45 ans. Des efforts sont toutefois faits par l’état du Mississippi pour assurer la transmission de la langue aux jeunes générations et certains enfants sont élevés avec le choctaw comme langue maternelle.
Le peuple Choctaw et les Alliés
Lorsque les États-Unis sont entrés dans la première guerre mondiale, en avril 1917, la nationalité américaine n’avait pas été accordée à tous les Amérindiens et les pensionnats d’État essayaient encore d’éradiquer leurs cultures et leurs langues. Pourtant, près de 1 000 Amérindiens issus de 26 tribus différentes ont rejoint la 36ème division, composée d’hommes du Texas et de l’Oklahoma.
Pendant l’été 1918, la 36ème division s’est rendue en France pour participer à l’offensive Meuse-Argonne, une attaque décisive sur le front nord, alors que l’issue de la guerre était encore incertaine.
Le problème principal que rencontraient les Alliés résidait dans le fait que l’ennemi pouvait intercepter leurs communications et décrypter leurs codes, basés généralement sur des langues européennes ou sur des suites mathématiques. Envoyer des messagers était tout aussi inefficace puisqu’un sur quatre se faisait capturer ou était tué. Les autres moyens de communication étaient trop limités, trop lents ou trop peu fiables.
Peu après le début de l’offensive Meuse-Argonne, on dit que le commandant d’une compagnie de la 36ème division, en entendant deux de ses soldats parler en choctaw, réalisa immédiatement le potentiel militaire de cette langue rare et inconnue de l’ennemi. Il persuada ses supérieurs de poster un Chacta à chaque quartier général opérationnel.
Les Chactas furent mis à contribution pour la première fois le 26 octobre 1918, à l’occasion du retrait de deux compagnies du front. Ayant rempli leur mission avec succès, ils jouèrent ensuite un rôle crucial pendant les deux jours suivants, lors de l’attaque d’une position allemande fortifiée appelée « Forest Ferme ». En 24h, le cours de la bataille changea et en moins de 72h, les Alliés étaient en pleine offensive.
L’ironie n’aura échappé à personne : le gouvernement qui demandait aux Chactas d’utiliser leur langue maternelle pour gagner la guerre leur interdisait de la parler sur le territoire américain.
Sources :
World War I’s Native American Code Talkers – History.com
Choctaw – Omniglot.com