Harry Potter en scots : un retour aux sources ?

À l’époque où J.K. Rowling écrit le premier tome d’Harry Potter, elle vit à Édimbourg, la capitale de l’Écosse. Si vous avez déjà visité cette ville, vous savez qu’elle est un décor propice à l’inspiration d’une telle histoire. J.K. Rowling écrivait son histoire dans des cafés de la ville, comme le fameux The Elephant House, non loin du Greyfriars Kirkyard, le […]

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À l’époque où J.K. Rowling écrit le premier tome d’Harry Potter, elle vit à Édimbourg, la capitale de l’Écosse. Si vous avez déjà visité cette ville, vous savez qu’elle est un décor propice à l’inspiration d’une telle histoire.

J.K. Rowling écrivait son histoire dans des cafés de la ville, comme le fameux The Elephant House, non loin du Greyfriars Kirkyard, le cimetière le plus connu d’Édimbourg. Elle avait visiblement l’habitude de s’y promener, scrutant les pierres tombales parfois presque effacées à la recherche de noms pour ses personnages. Certaines inscriptions sur les pierres tombales vous sembleront peut-être familières…

« Thomas Riddell », « McGonagall », « Potter », « Scrimgeour »

L’Écosse a énormément influencé les livres, et désormais, ce sont les livres qui influencent l’Écosse. Si vous vous promenez à Édimbourg et que vous décidez de faire une halte sous un des arbres des Meadows, ne soyez pas surpris si vous vous rendez compte qu’une équipe de Quidditch s’entraîne, juste sous vos yeux.

En outre, beaucoup de scènes des films sont tournées en Écosse. On citera le Loch Shiel, principalement connu comme le lac de Poudlard, ou bien le célèbre Glenfinnan Viaduct qui accueille le Poudlard Express. Beaucoup d’acteurs sont également écossais. L’univers d’Harry Potter s’inspire donc d’Édimbourg, et, plus largement, de l’Écosse.

Est-ce que cela fait d’Harry Potter un véritable « lad » écossais ?

Il ne manquait qu’une chose pour parfaire ce lien entre l’Écosse et Harry Potter : la langue ! Depuis 2017, Harry Potter s’exprime en effet comme un authentique écossais. Vingt ans après sa publication en 1997, le livre a été traduit dans une 80e langue : le scots.

Mais qu’est-ce que le scots ? Cette langue n’a rien à voir avec le gaélique écossais. On la décrit plutôt comme l’ensemble des dialectes écossais principalement parlés dans les Lowlands. Il ne faut pas non plus la confondre avec l’anglais écossais, qui est influencé par le scots et par l’anglais moderne. En 2011, on comptait 1,5 million de personnes qui parlent scots. Cette langue a pourtant été continuellement exclue des ouvrages publiés ou traduits. Déjà au XVIIe siècle, quand le roi Jacques Stuart traduit la Bible en anglais, sa version est utilisée en Angleterre et en Écosse. Personne ne jugeait utile de réaliser une traduction en scots.

Si vous vous demandez à quoi ressemble le scots, voici quelques mots que vous avez peut-être déjà vus :

Auld : vieux
Bairn : enfant
Ben : mont/montagne
Coo : vache
Glen : vallée
Hoose : maison
Lassie : fille

 

Nous devons cette nouvelle traduction à Itchy Coo, une maison d’édition spécialisée dans les livres pour enfant en scots. Le traducteur est Matthew Fitt, un poète et écrivain écossais qui est également fervent défenseur du scots. Dans un entretien, il déplore d’ailleurs le peu de livres présents dans cette langue : « quand j’étais jeune, la langue que je parlais quotidiennement, c’était le scots. Et il était très difficile de trouver des ressources ou des livres écrits dans ma langue ».

Matthew Fitt a d’ailleurs traduit plusieurs livres en scots, parmi lesquels des tomes d’Asterix.

Rendez-vous sur ce lien si vous êtes curieux de lire les premières pages de Harry Potter and the Philosopher’s Stane et de l’histoire du garçon qui a survécu (The laddie wha lived) dans une langue que l’on trouve rarement dans ce genre de publication littéraire.

Si certains mots sont assez proches de l’anglais, la traduction réserve quelques surprises…

Le professeur Dumbledore devient Dumbiedykes.

Le jeu du Quidditch s’appelle désormais Bizzumbaw (« balais » + « balle »)

Et la version écossaise du Choixpeau magique devient le Bletherin bunnet.

 

Et pour finir, nous ne nommerons pas Ye-Ken-Wha, ou plutôt « Vous-Savez-Qui ».

Plus qu’un simple écho au pays qui a inspiré J.K. Rowling, cette traduction en scots est une façon pour les locuteurs de réaffirmer leur identité. Cet exemple nous montre que la traduction ne nuit pas au sentiment de cohésion, au contraire, elle encourage l’enrichissement culturel d’un pays.

 

« Les écrivains font la littérature nationale
et les traducteurs font la littérature universelle. »
José Saramago